domingo, 13 de marzo de 2011

"Notre meilleur professeur c'est nous même"

Entretien avec Antonio Bravo
Antonio Bravo est guitariste et professeur de musique. Bien qu’il réside à Madrid depuis 1993, on retrouve des influences de ses origines galiciennes dans certains de ses projets (il est originaire de Ribeira, en Galice). C’est par exemple le cas de sa collaboration au “Proyecto Minho” de Baldo Martinez, dont le disque a été bien reçu par la critique spécialisée internationale, ou du disque en duo avec le vielliste German Diaz, "Músicas Populares de la guerra civil" (Producciones efímeras), sélectionné comme deuxième meilleur disque de jazz de 2008 par le magazine "Cuadernos del Jazz". Il a débuté sa formation musicale à Saint Jacques de Compostelle avant de se perfectionner à Madrid et Barcelone. Il a ensuite obtenu des bourses d’études pour étudier avec de grands musiciens internationaux, dont David Liebman entre autres.
Il a été professeur et participé à l’élaboration du programme de guitare de l’“Estudio Escola de Música” de Saint Jacques de Compostelle. Il donne actuellement des cours de guitare, harmonie, jeu en groupe et polymétrie à l’école "Aula de Músicas" de Madrid.
C’est un musicien curieux qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus et ses projets actuels apportent un air nouveau à la scène de jazz espagnole.




Qu’est ce qui t’a mené à jouer de la musique ?
J’ai toujours été mélomane. A 12 ou 13 ans j’écoutais énormément de musique. Un camarade de collège un peu plus vieux que moi avait une énorme collection de disques, et il reste un des meilleurs professeurs de musique que j’ai eu. Il me conseillait des disques, et je prenais tellement de plaisir à les écouter que j’ai décidé de demander à ma mère qu’elle me paie des cours. Le jour que je lui ai demandé ça, elle m’a répondu : « Tu ne vas quand même pas vouloir en faire ton métier ? » Elle était habituée à me voir des heures durant en compagnie du tourne disques. Je lui ai menti. Les femmes comme ma mère, nées dans la période de l’après guerre, associaient les musiciens de rock à la drogue, et à vrai dire elles n’avaient pas tort.

Pourquoi le jazz ? Joues-tu d’autres styles ?
J’ai commencé en jouant du rock, et j’ai étudié un peu de guitare classique. J’ai participé à plusieurs enregistrements et tournées de groupes de pop et rock. Mais la première fois que j’ai assisté à un concert de jazz, j’ai été impressionné par la technique des musiciens et par leur attitude. Ils ne pensaient qu’en la musique. Le monde pop-rock est complètement perdu dans l’image, la lumière et les couleurs. Il est plus important d’être beau que de bien jouer. Quand j’ai écouté ces groupes de jazz dans un petit local avec un matériel modeste, sous la lumière d’une ampoule, habillés comme pour aller faire les courses mais sonnant merveilleusement bien, j’ai pensé : ça c’est mon truc. Ca coïncidait avec l’ouverture de l’"Estudio escola de Música" à Saint Jacques de Compostelle, où je me suis inscrit. Deux ans plus tard on m’y a proposé un travail de professeur, et j’y ai étudié et travaillé pendant 6 ans. J’ai ensuite obtenu des bourses pour aller étudier à Dublin, Sienne et Lisbonne. Je joue parfois d’autres styles, mais aujourd’hui le mot jazz comprend beaucoup de courants musicaux et influences.

Depuis combien de temps joues-tu de la musique ?
Ca me donne le vertige d’y penser : à peu près 30 ans.

Depuis combien de temps enseignes-tu ?
20 ans

Quels souvenirs gardes-tu des cours que tu as suivis avec de grands musiciens (Abercrombie, Liebman…) ?
C’est une expérience intéressante d’être auprès de ces ‘monstres’. Chaque note qu’ils jouent sonne bien et ils ont une capacité de travail impressionnante. En général, ceux que j’ai connus étaient sympathiques bien que, comme tu peux l’imaginer, il y a aussi quelques glands qui se convertissent en authentiques nuls une fois qu’ils n’ont plus l’instrument entre les mains. J’admire bien sûr les grands musiciens, mais je les admire bien plus si on peut parler d’autre chose que de musique avec eux.

Continues-tu à te former ?
Oui, bien sûr. J’étudie chaque jour et j’ai assisté à mon dernier cours il y a deux semaines avec John Sowell, un guitariste qui a un langage d’accords très particulier. De temps en temps je prends des cours de guitare classique. Mais je suis surtout autodidacte. Notre meilleur professeur est nous même.

Qu’étudies-tu dernièrement ?
J’organise un vocabulaire d’accords ouverts et de ‘clusters’. J’intègre aussi des voicings de forme verticale (arpèges) dans les solos. Je travaille aussi beaucoup le son acoustique. Il y a d’autres époques pendant lesquelles je monte des projets nouveaux ou je prépare des enregistrements et ça occupe tout mon temps.

Quel conseil peux-tu donner à une personne qui souhaite commencer à jouer du jazz ?
Les conseils c’est pour les sages. Mais je recommanderais la même chose qu’à quelqu’un qui veux être architecte ou quoi que ce sois. Qu’il se batte pour faire ce qu’il aime vraiment dans la vie. Et lui souhaiter bonne chance. Si il va jouer du jazz il va en avoir besoin. Etre un musicien de jazz en Espagne est quelque chose de quasiment héroïque. Nous vivons dans un monde où seuls les banquiers et les constructeurs semblent avoir un avenir. Mais il y a des chose qui ne s’achètent pas avec de l’argent. Quand la musique sonne bien, ferme les yeux et profites-en. C’est mon seul conseil.

Pour plus d’informations sur Antonio Bravo et ses projets, consultez son myspace et sa page web.

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